Le «féminin sacré» est un concept lié au féminisme, au développement personnel et à la spiritualité. C’est une notion parfois floue, sujette à de multiples interprétations. Pour aborder ce concept, il est incontournable d’énumérer les principaux symbolismes de la femme et de la féminité à travers le temps et l’évolution de l’humanité.
« La femme a une puissance singulière qui se compose de la réalité de la force
et de l’apparence de la faiblesse ».
Victor Hugo
Fragile, faible et passive, ou au contraire forte et conquérante, la femme véhicule un symbolisme ambigu,
parfois déroutant, souvent mystérieux qui dépend beaucoup du contexte socio-culturel des époques
concernées .
Depuis des décennies, dans les sociétés patriarcales, la femme dépend de l’homme. Celui-ci, est souvent considéré comme l’absolu et la femme le relatif : la femme est l’autre, le second, la négation. A ce titre, nous retrouvons dans certaines légendes cosmogoniques, la femme issue du corps de l’homme. L’homme est alors associé au chiffre 1 et la femme au chiffre 2, leur union générant le chiffre 3, symbole du dépassement des différences dans l’union.
De même, dans les religions abrahamiques (judaïsme, christianisme, islam), la femme est reléguée au second rang et dominée par l’homme. Les traces archéologique ou historique montrant une vénération à des Déesses par des cultes anciens, semblent peu valorisés, voir oubliés. Cela est, la résultante d’un patriarcat persistant, qui a façonner l’esprit de l’homme moderne malgré lui. Ainsi, la société à progressivement cédé la place à des organisations monothéistes de type patriarcal, dans lesquelles les hommes ont affirmé leur pouvoir, reléguant la femme au rang de ressource à posséder, à soumettre ou à exploiter. Les femmes deviennent un faire-valoir ou leur essence s'efface pour laisser place à une enveloppe plus belle que remplie.
Pourtant, l’humanité a également connu de nombreuses sociétés matriarcales fondées sur le culte de la Déesse mère. Des découvertes archéologiques ainsi que de nombreux récits démontrent que jadis, beaucoup de cultures anciennes considéraient le féminin comme le principe premier : la femme est alors la Source, le TAO, sorte de vide cosmique ayant le pouvoir d’enfanter toute chose. Le féminin est alors associé au chiffre 0, qui génère la création du monde .
Cette statuette de la fertilité représente la Déesse Mère, déesse de la Fécondité et de l’Abondance. Cette statuette appartenant à la civilisation Trypillian, vient d'une mystérieuse culture matriarcale néolithique.
Celle-ci se développe en même temps que la civilisation sumérienne (entre 4000-3000 avant notre ère), mais sur le territoire européen actuel. Pour les Trypilians, peuple pacifiste et matriarcal, la Déesse-Mère est la figure prédominante sacrée, qui protège les foyers, assure la richesse et la fécondité.
Rare statuette votive en terre cuite du site de Altyn-Depe (the Golden Hill), Turkmenistan.
Elle représente une déesse-mère, de la fertilité. La femme est représentée avec un corps partiellement plat, debout. Le visage allongé montre des yeux proéminents. Petite poitrine ronde entre les deux bras esquissés. Le bas du corps s'arrondit pour se terminer en pointe. Motifs géométriques.
Taille : 15cm H x 10cm L. Poids: 83gr.
En spiritualité et en ésotérisme, le féminin constitue l’un des deux pôles de l’humanité, et au-delà, l’une des deux forces cosmiques essentielles présente en chaque chose :
«Le féminin» et «le masculin» est abordé ici sur un plan universel, au-delà des différences culturelles et religieuses; tout en nous nourrissant de ces dernières.
Dans l’histoire, la représentation de la femme est d’abord lié à des éléments graphiques, dont certains remontent à la préhistoire. Les premières peintures pariétales et les statuettes féminines mettaient en exergue la sexualité (seins, vulve) et la fécondité (ventre). La femme est alors le symbole de la fertilité, de la reproduction, de la vie qui se renouvelle, de la force de la Nature et du Cosmos tout entier, autant d’éléments qui font l’objet de cultes et de rites magiques.
Déesse de la Nature et de la chasse, la femme est considéré comme nourricière et gardienne de l’habitat. Notons que la grotte, la hutte ou la maison sont des espaces vides qui, tels le ventre féminin, sont des lieux de création et de transmission des savoirs.
Artémis d'Éphèsus assimilée par les Romains à Diane.
La déesse nourricière de la fertilité, la fécondité et déesse de la chasse et de la nature sauvage, « Dame des fauves » d'après Homère dans l'Iliade ; elle est belle, chaste, vierge et farouche, avec des grands talents de chasseresse (particulièrement les cerfs),
Rome - musée du Capitole
Statuette de fertilité Bangwa . La riche production d'art africain chez les populations Camerounais s'illustre principalement par la statuaire sur bois : sculptures commémoratives de rois, reines, princesses et serviteurs titrés, ainsi que des parents de jumeaux.
Au sein de l'importante peuplade Bamiléké à l'Ouest du Cameroun, les Bangwa constituent un petit royaume. L'influence des Bamilékés sur la statuaire Bangwa est notable par des traits faciaux et une morphologie relativement comparables. Cette figure Bangwa, assise sur un tabouret zoomorphe, honore la fécondité grâce au bombé de son abdomen . Bois poli. Typiques du pays bamiléké, les statues Bangwa représentent souvent la fécondité mais aussi la puissance et la combativité. Elles sont souvent positionnées de chaque côté des fauteuils d'intronisation lors des réunions de notables.
Les éléments graphiques suivants symbolisent la femme ou le féminin.
Le triangle inversé : il représente le sexe féminin, la fécondité, ou encore l’instabilité, le contenant, le vase du Graal. Le triangle inversé correspond au symbole alchimique de l’eau, à l’immanence.
La croix surmontée d’un cercle : symbole du sexe féminin (par opposition au cercle fléché qui tient pour le masculin), c’est aussi le symbole astronomique de Vénus.
L’Ankh : c’est la croix de vie des Égyptiens, symbole de renaissance et de fécondité. L’Ankh peut aussi évoquer le sexe masculin prêt à s’unir à l’ovale du sexe féminin.
Le féminin sacré renvoie au rôle central que jouaient les femmes dans les sociétés primitives et antiques ou elle faisait l’objet d’un culte, en lien avec celui de la Nature, de la fécondité, des cycles et du foyer.
Le féminin sacré constitue donc le souvenir de ce temps légendaire où les femmes guidaient spirituellement la communauté à égalité avec les hommes,
complémentaire et en harmonie avec eux, les animaux et la Nature.
Une époque ou les druidesses accomplissaient des rites en l’honneur des dieux de la Nature, reconnectant sans cesse les individus avec la Terre mère. Ainsi, le féminin sacré marque le réveil des femmes, leur reconnexion à leur rôle primordial et la redécouverte d’une forme de sagesse féminine, fondée sur l’écoute de soi , puis l’écoute des autres et l’attention portée à la Nature. Ce réveil ouvre la voie à une nouvelle forme de société, fondée non plus sur la maîtrise et la conquête, mais sur l’éveil de la douceur et de la compassion.
La femme dans son féminin sacrée revient à s'assumer à 100% . Elle est épanouie parce qu'elle se sent libre et en pleine possession de son indépendance. Les autres femmes deviennent des alliées . Elle ne cherche pas à ressembler aux hommes , ni à s'opposer à eux sent pour autant être inférieur. Elle assume pleinement d'être femme avec tout ce que cela implique : sa sensualité, sa douceur, la maternité, les menstruations, ses formes etc ...
Aujourd’hui, le féminin sacré dépasse le seul genre féminin pour devenir une notion plus universelle, applicable à tout être humain quel que soit son genre ou son orientation sexuelle. Il s’agit alors de développer une partie de soi sous-estimée, complémentaire du masculin sacré.
Les concepts de féminin et d'énergie du féminin sacré sont ici distincts. Sur le plan humain, nous aborderons d'avantage le féminin sacré sous la forme d'une partie d'un potentiel existant en chaque personne au même titre que le masculin sacré. Ainsi, ces deux principes, se retrouvent à part égale en chaque individu. Là encore, il s’agit non pas d’opposés, mais de force complémentaires et entremêlés. Dire qu’un principe serait supérieur à l’autre ou meilleur que l’autre n’aurait pas de sens.
Dans le Taoïsme, la globalité d'un humain se compose de deux principes, le YIN qui renvoie à la part de nous éphémère, déstructurée, sensible, changeante, évolutive et créatrice, alors que le YANG représente ce qu’il y a de stable, organiser , structuré et unitaire en nous.
Le Yin associé au féminin sacré, est profondément connecté à la nature.. notre nature intime autant que la Nature extérieure, alors que le Yang, masculin sacré, tente de la protéger, l’organiser, la structurer et la maîtriser. Par conséquent, cultiver son Yin ou son «féminin sacré», consiste à :
écouter plutôt que prendre position,
observer plutôt que faire,
s’ouvrir plutôt que choisir,
comprendre et accepter plutôt que juger,
lâché prise plutôt que contrôler,
se connaitre plutôt que se maîtriser,
s’accepter plutôt qu‘être dans le déni,
porter attention à ses sensations et émotions plutôt que tenter de les refouler,
écouter son intuition plutôt que son intellect,
imaginer plutôt qu’agir,
etc.
Le féminin sacré peut être défini comme une forme de sagesse passive douce et rêveuse, plutôt réceptive, éloignée de l’action. Le but n’est pas de maîtriser la matière, mais de se laisser porter par elle, en accueillant l’œuvre du temps, les cycles de la vie et de la mort, accepter les changements, les tourments, les peurs, les pertes, les doutes et les douleurs, aussi bien que les réussites.
Paradoxalement, la force du féminin sacré provient de cette faiblesse insouciante apparente: en se laissant traverser par toutes les énergies du monde, positives ou négatives, nous nous connectons à elles et nous en tirons une force infinie.
Pour comprendre le féminin sacré, on peut se référer aux principes du taoïsme, qui parle de deux énergies universelles fondamentales, à savoir le Yin et le Yang . Son symbole est représenté sous la forme d’un cercle contenant deux sections noire et blanche s’enroulant entre elles.
Le YIN, la couleur noire est le principe féminin qui exprime le monde dans son côté nébuleux. C’est la matière , la nuit , l’hiver , le sombre, le négatif au sens où il ne produit rien de stable, rien de définitif. Le yin suggère l’infini des potentialités. Il est lié au changement, à l'impermanence, aux cycles et au devenir. Il est susceptible d’engendrer ce qui n’existe pas encore, et qui ne pourra être qu’éphémère.
Le YANG, la couleur blanche est le principe masculin, il décrit l’univers dans son côté lumineux. C’est l’esprit, le jour, l’été, le solaire, le positif au sens ou il évoque l’ordre, la réalisation, l’autorité, la force et la stabilité.
Le Yin et le Yang sont les deux composantes, opposées mais complémentaires, qui permettent d’approcher les phénomènes de la Vie et du Cosmos. Le yin et le yang ne peuvent exister l’un sans l’autre et ne peuvent se définir que par association.
positif
soleil
été
chaud
feu
jour
réalité extérieur
expiration
révélé
dessus
vide
haut
superficiel
inconscient
actif
vie
logique
négatif
lune
hiver
froid,
eau
nuit
vérité intérieur
inspiration
caché
dessous
plein
bas
profond
conscient
réceptif
mort
intuitif
On remarque par ailleurs, la présence sous forme de point, d’une partie du yin dans le yang, et une partie du yang dans le yin : l’un est inenvisageable sans l’autre.
Ce lien indissociable permet de réconcilier DUALITE et UNITE
Ici, l’énergie féminine est par nature passive, spontanée, rêveuse, créative, évolutive, instable. Elle renvoie à la matière qui change d’aspect, qui s’adapte, ou encore aux êtres vivants, qui meurent pour renaître sous d’autres formes. C’est une énergie féconde, toujours en mouvement, jamais clairement définie. C’est une force duale, ambiguë, mais incroyablement vivante et sans limite.
A l’inverse, l’énergie masculine est par définition active, dynamique, rigoureuse et parfois stricte, elle cadre : son rôle est de maîtriser et d’unifier ce qui est mouvant et instable. C’est donc une force unificatrice qui rassemble, ordonne, organise, pose les limites et contrôle.
Ainsi, dans le principe Taoïsme, ces deux énergies sont indissociables:
aborder l’une sans l’autre perdrait de son sens.
Le yin sans le yang aboutirait au chaos. A l’inverse, le yang sans le yin donnerait un monde uniforme, infécond et figé, sans vie. Le Yin et le Yang est un concept ou deux forces s’auto-alimentant doivent trouver l’équilibre sans quoi l’ensemble incomplet s’effondre. Ainsi l’impermanence est permanente, les changements s’inscrivent dans la découverte de la stabilité, les désordres permettent de trouver l’harmonie globale.
Le féminin sacré se caractérise avant tout par l’ouverture: tout phénomène, tout sentiment est accueilli sans jugement, sans regret ni culpabilité. Il en ressort un immense potentiel d’écoute, de confiance, de curiosité, d’apprentissage et de créativité. De même, l’autre est accueilli tel qu’il est. La compétition est absente. La douceur et la compassion s’imposent. Le dévouement et la collaboration priment. La communication devient réelle et constructive.
Il ne s’agit pas ici de dire qu’un élément du couple est bon et l’autre mauvais, mais bien que les deux éléments qui forment le couple ne peuvent se définir ni exister l’un sans l’autre. Le symbole yin yang est en ça un point d’appui intéressant pour comprendre l’harmonie et l’équilibre par l’union des contraires.
La voie du milieu.
En intégrant la dualité dans l’unité, le yin yang est un symbole d’amour universel.
L’amour est ce qui embrasse et englobe toute chose,
y compris ce que nous jugerons «mal», «néfaste» ou «mauvais».
Sur le plan cosmique comme sur le plan individuel, le principe féminin doit nécessairement être complété par le principe masculin, faute de quoi nous sombrerions dans l’irrationnel, l’absurde, la perte d’énergie et le néant. Le masculin intervient pour mettre un terme aux divagations du féminin :
il pose les LIMITES
Le masculin sacré nous invite à rassembler notre énergie, à nous concentrer pour passer à l’action et créer le mouvement. Il ouvre la voie des choix, des priorités, donc de la réalisation de soi dans la densité de la matière. Sait précisément, parce que le mouvement est fondé sur la sensibilité du féminin sacré que l’action du masculin sacrée se fait pure, équilibrée, généreuse et désintéressée. C’est-à-dire l’action juste pour soi et les autres.
Notons que si l’action n’était pas fondée sur le féminin sacré, elle ne serait qu’ambition, autoritarisme et hégémonie. Sur le plan purement spirituel, le féminin sacré se caractérise par l’accueil et l’acceptation. Cette posture passive doit être complétée par une autre forme d’amour, plus active dans sa capacité à unifier, à rassembler : c’est le masculin sacré.
Une fausse idée pourrait sous entendre que le masculin sacré est néfaste car peu d'homme sont à la recherche de leur véritable masculin sacré et leur réticence à accepter la part de féminin sacré en eux est un obstacle aux femmes cherchant à développer leur féminin sacré en imposant des freins extérieurs qu'elles rencontrent au quotidien
"Le masculin sacré peut se définir comme l’essence même de l’homme,
ce qu’il est à sa naissance avant tout conditionnement ou impact de son environnement.
Les qualités qu’on lui attribue sont souvent la force, le respect, la sagesse, l’action, la bonté, la justice…"
Le féminin sacré semble nous proposer d’ouvrir notre conscience pour regarder la vie couler et vibrer en nous. Il s’agit d’écouter son corps, ses instincts, son intuition et son cœur. D’accueillir avec douceur et tendresse puis d'agir avec courage. Voir l’invisible et être attentif aux vibrations de la matière, celle de la Nature et à la grande Source. Celle qui ne fait qu’un dans la synchronicité et qui compose la 3eme énergie créer de l’union du Féminin et du Masculin.
C’est en alliant féminin sacré et masculin sacré que l’humain réunifié devient l’être complet et éveillés, réconcilié avec sa nature profonde, la Nature. C’est prendre la responsabilité de devenir une énergie joyeuse créatrice en assumant son rôle dans le monde, y compris dans l’adversité et le conflit,
les succès et les échecs.
Le saint Graal . Tsadé
La reconnexion à l’être originel en équilibre au point zéro. Celui qui se rappel de l’essentiel, à l’écoute de sa sensibilité dans la vérité de soi et une action juste, en symbiose à l’uni-vers.
Ainsi, le féminin et le masculin sacré s’assument et s’accomplissent sur Terre, y compris dans les imperfections et cela en toute sérénité et confiance, loin des peurs comme des juge-ments extérieur et intérieur, mais avec l'amour inconditionnel de soi, de sa lumière.
Le Monde est un tout dont je fait partie,
Je suis l'univers tout comme je fais partie de l'univers
J’amène la réalité, je travail à travers la réalité et j’élève la réalité.